Et voilà la mauvaise nouvelle de ce début de saison qui arrive. Hier je me suis rendu sur un rucher situé dans une petite forêt d’acacia et de châtaigner. Petite visite de contrôle pour voir si les dernières gelées matinales n’avaient pas grillé les bourgeons d’acacias.
Et là, surprise : en arrivant sur place j’ai d’abord cru que je n’avais pas pris le bon chemin car je ne me reconnaissais pas. Finalement c’est la pancarte “attention abeilles” qui m’a aidé à réaliser que j’étais bien au bon endroit … devenu en à peine 3 semaines, un îlot de quelques arbres entourés par un champ de ruines.
Pour ce genre de situation, je trouve que la photo ne rend malheureusement pas bien “l’ambiance” ou la sensation que l’on éprouve lorsque l’on est en face d’un tel paysage.
Je vous avoue que je suis resté un moment avec la gorge serrée et les yeux humides, assis sur un tronc coupé (c’est très pratique pour ça une coupe rase, ça fait plein de petits sièges en forêt!).
Au printemps 2022, déjà 2 ha de cette forêt avaient déjà été rasés, cette année c’est bien 5 ou 6 ha qui ont disparu. Si la machine à dollars se remet en route au printemps prochain, ce petit bois aura été rayé de la carte en 3 ans.
Si on laisse la nature faire, les acacias repousseront probablement assez rapidement et les châtaigniers suivront peut être. J’ai quand même très peur qu’on ne laisse pas la nature faire son travail mais qu’à la place soit planté du pin (beaucoup plus rentable économiquement pour le négociant en bois) …
Pour tous les pollinisateurs sauvages et les autres organismes vivants qui étaient dans le coin, autant dire qu’on s’en fou.
Heureusement pour se remonter un peu le moral il y a Francis Hallé (https://www.foretprimaire-francishalle.org/ )
Les défis de l’apiculteur
Pour les abeilles “domestiques” les dégâts de cette coupe rase sont moins graves. Changement d’emplacement et ce sera résolu. Mais quand même en tant qu’apiculteur les défis sont multiples :
- Positionner les abeilles sur des ressources sauvages : elles sont de plus en plus difficiles à trouver dans notre région et les quantités de miel produites y sont plus faibles et très inégales en fonctions des années.
- Positionner les ruches sur les grandes cultures : quasiment impossible d’y échapper. Les quantités de miel y sont plus importantes mais les abeilles s’en remettent plus ou moins bien suivant les cas. En ce moment par exemple ce sont les traitements sur les blés qui font des dégâts (et oui une abeille ne butine pas le blé, mais elle va fréquemment boire la rosé du matin dans les champs qui ont été traités).
- Essayer de ne pas tomber avec nos abeilles dans les mêmes pièges/dérives que l’agriculture productiviste.
- Faire du bio ? Les quelques courageux qui s’y sont lancés ont bien du mal aujourd’hui à vendre leurs produits à sa juste valeur. Surtout en respectant un cahier des charges bio assez discutable.
Et c’est là que le coup de gueule commence.
D’un coté tout le monde se scandalise de découvrir fin mars que presque la moitié des miels importés ne sont pas des vrais miels (https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/dans-la-peau-de-l-info/dans-la-peau-de-l-info-ce-qu-il-faut-savoir-des-fraudes-dans-les-pots-de-miel_5713928.html ).
Mais de l’autre on ne se donne ni les moyens d’éviter ces importations, ni les moyens de protéger notre environnement et de protéger le vivant au sens large. Les générations précédentes avaient pour eux l’argument de ne pas connaître les effets de leurs actes sur la nature, mais ce n’est plus notre cas.
En guise de conclusion
Ami(e)s consommateurs et consommatrices de miel, je vous propose 2 solutions pour anticiper et préparer vos papilles gustatives à l’AVENIR (âmes sensibles ne lisez pas la fin!)
- La recette de miel fait maison (50% eau, 50% sucre) ce n’est pas compliqué et en plus ça soutiendra la filière betterave française qui en a bien besoin depuis que de vilains écolos lui interdisent d’utiliser les néonicotinoïdes.